Tellement d’accord avec Leila Slimani qui a déclaré que la lecture a toujours réparé ses chagrins. Pour moi aussi la littérature a toujours été une thérapie et j’adore les sagas comme la sienne qui me « décentre », m’éloigne de tous mes soucis pour embrasser le destin d’autres personnes.
J’avais hâte de lire le troisième tome de « Le Pays des autres », cette trilogie sur l’histoire du Maroc librement inspirée de sa propre histoire. On suit Mia (sorte de double romanesque de Leila Slimani) et Inès, les filles d’Aïcha et Mehdi, nées à la fin des années 1970. Mia, attirée par les femmes, décide de quitter le Maroc en quête de liberté. « Mia, va-t’en et ne rentre pas. Ces histoires de racines, ce n’est rien d’autre qu’une manière de te clouer au sol, alors peu importent le passé, la maison, les objets, les souvenirs. Allume un grand incendie et emporte le feu. » lui conseille Mehdi, magnifique personnage arbitraire (inspiré du propre père de Leila Slimani) qui ne se remettra jamais de son emprisonnement arbitraire. Elle pose aussi la question de l’intégration alors que Mia et Inès restent d’éternelles étrangères en France. « Elle avait l’intuition que pour s’assimiler, il fallait se dissoudre, s’effacer, annuler le passé. Que le prix de l’intégration, c’était aussi la perte d’une certaine intégrité ». Que devient-on quand on vit, depuis sa naissance, du Maroc à la France, dans le “pays des autres” ? Écrivaine. Ce que devient Mia.
Avec cette langue fluide qui la caractérise, Leila Slimani parvient à restituer sur trois générations le sentiment de l’exil et l’histoire d’une émancipation, universelle, où s’imbriquent l’intime et le politique. Un roman ample et mélancolique. Des personnages que l’on a du mal à quitter.
Aux Editions Gallimard