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Livres

Le livre du mois : Grand Seigneur de Nina Bouraoui

Lors de mon dernier séjour à Bordeaux, j’ai eu la chance d’assister à une rencontre avec Nina Bouraoui à la librairie Mollat, pour la sortie de son dernier livre.

Alors que j’anime une fois par mois une signature de livre au JAAL Riad Resort, cette fois, j’étais là en simple spectatrice. Ce que j’ai entendu ce soir-là, m’a donné envie de lire ce livre dans lequel Nina Bouraoui raconte les derniers jours de son père dans un centre de soins palliatifs. 

C’est le récit d’une agonie bien sûr, mais un récit qui célèbre aussi la vie. Elle  dresse ici un portrait intime et bouleversant de son père (qui fut gouverneur de la banque centrale d’Algérie, et se maria  avec une française en 1962), nous raconte le lien père-fille (considérant que c’est lui qui l’a construite, tout en revisitant ses souvenirs d’enfance et d’adolescence. « Je l’entend rire dans ces pages » nous a-t-elle confiée. « Ce livre s’est imposé, c’est un livre qui accompagne le deuil, même si on ne fait jamais son deuil ».

J’aime les livres de Nina Bouraoui, son écriture ciselée et fluide. Elle dit « qu’elle écrit comme elle respire » et que l’écriture est le chemin qu’elle a choisi pour traverser la vie. « L’écriture est un territoire de grande liberté, et de grande force. Les livres mangeaient les murs chez nous. Je trouvais que dans l’acte d’écrire il y avait de la virilité ». Bouraoui en arabe ça veut dire « raconter », Nina avait donc un nom prédestiné. « Je te promets d’honorer ton nom que je porte — et qui signifie en arabe le conteur — en continuant à écrire, à bâtir livre après livre cet édifice que j’ai nommé l’édifice amoureux ; comme tu le sais, le mot Amour n’a de frontière que si l’on désire lui en donner. »

Etonnamment, ce récit qui aurait pu être morbide et larmoyant, est lumineux, sincère, délicat et digne. Un livre qui a permis à Nina Bouraoui de vraiment dire adieu à son père et de faire l’apprentissage de sa propre mort.

Grand Seigneur de Nina Bouraoui, JC Lattès, Paris, 2024, 250 pages