J’ai rencontré Jihane Boumediane dans sa petite boutique de la médina, dans le quartier où elle a grandi. Après un master en marketing, elle prépare un doctorat en innovation.

Elle a appris, en trois ans, le métier de feutrier, au Centre de Formation et de qualification dans les Métiers de l’Artisanat, à quelques encablures de sa boutique. Saviez-vous qu’il ne reste que 5 maîtres feutriers au Maroc et qu’il n’y a pas de relève pour les femmes, vieillissantes, qui cardent la laine ? « Pendant très longtemps, les artisans du feutre travaillaient sur un ou deux produits comme le tapis de prière par exemple. Par manque d’innovation, les Marocains se sont détournés de ces produits » explique Jihane. Pour éviter que ce métier disparaisse, elle a développé à partir de 2019, une marque Baptisée « JYANN » qui produit des accessoires en feutre de laine de mouton de l’Atlas qu’elle a améliorée en développant de nouvelles techniques de lavage permettant de se débarrasser du gras et de supprimer le risque d’attirer les mites.
En proposant des chapeaux, sacs cabas et pochettes d’ordinateurs, JYANN contribue à régénérer des méthodes de fabrication oubliées et espère que l’ancien et le nouveau pourront fusionner dans un monde contemporain. J’aime beaucoup le bob en feutre dans des couleurs vibrantes comme le orange. Jihane commercialise ses produits sur Instagram et le site web marchand de la marque, www.jyann.com

Pendant le confinement, elle a travaillé sur une collection d’éléments décoratifs (tapis, tentures murales et coussins Chakati) dont les motifs sont inspirés du peintre Gauguin. « J’essaye de créer un pont entre l’artisanat et l’art contemporain » explique Jihane.

Très engagée dans la défense et la promotion de l’artisanat, Jihane a aussi cofondée avec quatre jeunes, l’Association 1001 Artisans dont l’objectif est de former les artisans sur le web et d’organiser des enchères en ligne pour vendre leurs produits.
@1001artisans