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Hôtels

La nouvelle Mamounia

Presque centenaire, le mythique palace s’est refait une beauté. A la barre, le célèbre duo de designers Jouin Manku choisi par Pierre Jochem, Directeur général de la Mamounia « parce qu’il excelle à apporter de la modernité tout en respectant l’héritage ».

Les hôtels et les restaurants sont les terrains de jeu favoris de Patrick Jouin et Sanjit Manku qui ont collaboré avec de prestigieux chefs comme Alain Ducasse, Pierre Hermé ou Thierry Marx. A la Mamounia, ils ont donné une nouvelle énergie au palace, assigné des rôles différents à certains lieux et en ont créé de nouveaux comme la salle de cinéma ou l’oenothèque.

La Mamounia, Marrakech, Morocco. Photo by Alan Keohane www.still-images.net for La Mamounia.

Une rénovation entre simplicité et gestes architecturaux forts

« Nous sommes tombés amoureux de la Mamounia. Quand on arrive ici, on touche à un mythe. Il ne faut pas l’abimer » a expliqué Patrick Jouin lors de la conférence de presse organisé en novembre pour la réouverture du palace. Le point de départ de la transformation a été «  l’art de vivre, la générosité ». «  Paccard, Pinto, Garcia, Majorelle sont aussi partis de ça, du plaisir d’être là et du temps qui s’arrête. Il faut tout changer pour que rien ne change , pour que ce lieu soit toujours éternel. Pour qu’il reste hors du temps, il faut qu’il se réinvente » a ajouté le designer. « La dernière rénovation remonte à 2009. Tous les cinq ou six ans, il faut adapter nos concepts aux nouvelles tendances et aux attentes de la clientèle » a renchéri Pierre Jochem.

Le duo a enrichi l’artisanat marocain de savoir-faire italiens, français et espagnols tout en dessinant les meubles, les luminaires (sublimes) et même les tissus.

La Mamounia, Marrakech, Morocco. Photo by Alan Keohane www.still-images.net for La Mamounia.

 

La Mamounia, Marrakech, Morocco. Photo by Alan Keohane www.still-images.net for La Mamounia.

« Nous sommes revenus à la simplicité de l’eau et de la lumière » raconte Sanjit Manku, tout en osant des gestes architecturaux forts qui plongent la Mamounia dans une ère nouvelle. « Nous avons créé des objets extraordinaires qui attirent et font bouger dans l’espace comme ce lustre incroyable qui invite à découvrir le salon de thé de Pierre Hermé. Il y a aussi des effets de répétition avec les lanternes qui ponctuent l’espace, un lustre qui domine la cuisine du restaurant italien (endroit le plus fort du restaurant), les trois tentes et l’oenothèque » explique Patrick Jouin. La rénovation se poursuit dans le lounge marocain du pavillon marocain qui s’inspire d’un rêve de désert.« Sur la terrasse qui surplombe la ville, nous avons créé une tente contemporaine de forme circulaire ouverte sur le ciel. On pourra y danser sous les étoiles » ajoute Sanjit Manku.

Une nouvelle offre de restauration

« On dit souvent que la Mamounia a la baraka, et c’est bien le cas a expliqué Denys Courtier, directeur exécutif de la Mamounia. Aujourd’hui, elle offre une expérience culinaire nouvelle tout en respectant le charme de la Grande Dame ». Pierre Jochem a choisi de s’assocer au chef triplement étoilé Jean-Georges Vongeritchen, pour la création de deux nouveaux lieux de restauration : l’Asiatique qui sert une cuisine du sud-est asiatique et l’Italien, une trattoria élégante qui ambitionne de servir les meilleures pizzas de Marrakech. Avec ces deux restaurants, Jean-Georges Vongeritchen, basé à New York et à la tête de 35 d’établissements dans le monde, fait ses premiers pas en Afrique. « J’ai accepté de venir à la Mamounia d’abord par amitié pour les deux Pierre, Pierre Jochem et Pierre Hermé, puis pour ses produits, pour sa culture, et pour apporter notre savoir-faire et une centaine de recettes tout en m’inspirant du Maroc. J’avais aussi envie de travailler avec Patrick et Sanjit dont j’ai toujours admiré le travail ».

A l’Asiatique, dans une ambiance feutrée où Patrick Jouin et Sanjit Manku ont imaginé un décor typiquement marocain mêlant tentures précieuses, fauteuils en laque noir et lumières inspirées du Japon, le pape de la cuisine fusion connu et reconnu pour son amour des épices, des jus et des herbes propose une cuisine qui nous fait voyager du Japon à la Thaïlande en passant par la Malaisie. Chaque plat est un plaisir pour les yeux et les papilles qui ne savent plus où donner de la tête. J’ai adoré les dumpling au foie gras grillé, sauce à la truffe noire ; les gioza au potiron ; le sushi de truite de mer croustillant, mayonnaise chipotlé glacé au soja ; le homard à la vapeur et pak choï, ail,beurre de chili et basilic thaï, sans parler du filet de boeuf mariné au soja et à l’ail avec sa tombée d’épinards et son pesto de coriandre (qui m’a réconciliée avec la viande tant elle fond dans la bouche). Pour les dessert, Pierre Hermé s’est inspiré de l’Asie en utilisant le thé vert Matcha, le yuzu, le lait et la noix de coco, le fruit de la passion, le wasabi…Une expérience exceptionnelle au coeur de l’Asie.

 

La Mamounia, Marrakech, Morocco. Photo by Alan Keohane www.still-images.net for La Mamounia.

A l’Italien, nous sommes transportés dans un jardin d’hiver à l’ambiance chic et élégante, mais pas prétentieuse. La lumière, omniprésente, se déverse de grandes baies vitrées qui offrent une vue sur le jardin et les nouvelles tentes (ce qui en fait pour moi un restaurant plus du midi que du soir). J’ai beaucoup aimé les murs recouverts de carreaux formant des paysages plantés de palmiers et d’agaves. Ici, on sert le meilleur de l’Italie. Moi, j’ai craqué pour la pizza cuite au feu de bois à la truffe et aux quatre fromages et pour le Poulpe grillé, vinaigrette aux câpres et ail, salade tiède de pommes de terre aux olives vertes et fenouil qui explose en bouche et pour les Tagliatelles aux haricots verts, pesto au basilic de pistache, un mélange surprenant, mais délicieux.

La Mamounia, Marrakech, Morocco. Photo by Alan Keohane www.still-images.net for La Mamounia.

La Mamounia, Marrakech, Morocco. Photo by Alan Keohane www.still-images.net for La Mamounia.

 

Ici aussi, les desserts sont signés Pierre Hermé devenu également directeur artistique et culinaire du salon de thé et du bar italien. « Cela fait trois ans que je suis présent à La Mamounia. Notre collaboration vient de se renforcer. La particularité d’un pâtissier dans un hôtel, c’est qu’il intervient à tous les moments de la journée et dans tous les lieux : le lait d’amandes à l’arrivée, le cadeau en chambre, le petit déjeuner, le thé…. » nous a expliqué Pierre Hermé.

Le Salon de thé justement occupe un espace dominé par un monumental lustre en cristal dessiné par Jouin Manku. Ils ont aussi imaginé de très jolies assises en cuir tressé. On peut s’offrir, tout au long de la journée, un petit-déjeuner copieux et les pâtisseries gourmandes qui ont fait la renommé du célèbre pâtissier français, ainsi que des assiettes salées inspirées du salon de thé Pierre Hermé à Beaupassage à Paris comme le lobster roll, le pain perdu au curry et curcuma ou un hamburger que Pierre Hermé a conçu à la demande de Pierre Jochem. «  J’essaye à chaque fois que je viens de découvrir le Maroc. J’ai fait une tablette de chocolat dont le design s’inspire des pavés de la rue qui mène à la place Jemaa El Fna. J’ai aussi créé une coupe glacée et un cake à l’amlou. Je travaille beaucoup les agrumes. Et je vais découvrir petit à petit davantage de produits du Maroc. J’ai passé une journée avec les femmes qui préparent les pâtisseries marocaines, c’était formidable. J’ai fait une corne de gazelle avec de la pâte d’amande parfumée à la fleur d’oranger et un croustillant à l’amlou. L’histoire ne fait que commencer. J’aimerais bien faire un gâteau en forme de Mencha. C’est sans fin » raconte avec beaucoup d’enthousiasme le pâtissier.

Salon de Thé, La Mamounia, Marrakech, Morocco. Photo by Alan Keohane www.still-images.net for La Mamounia.

Près du salon de thé, le Bar Churchill devient le Churchill, un bar confidentiel d’une vingtaine d’assises entièrement redécoré. On peut y boire une coupe de champagne accompagnée de caviar de la maison Kaviari, l’une des plus anciennes manufactures de caviar françaises. « Pierre Jochem m’a proposé un challenge : trouver, parmi les caviars que j’importe régulièrement, un caviar Osciètre gros grain, ce qui est très rare. C’est une gamme que je n’avais pas, mais il est cultivé en Chine dans un immense lac d’une pureté extraordinaire, à 3h en voiture à l’Ouest de Shanghaï. Les Chinois ont toujours mangé la chair d’esturgeon, mais ils ne produisent du caviar que depuis une quinzaine d’années. Ce caviar est fantastique, mais les quantités sont limitées » raconte Jacques Nebot, président de Kavari.

Près du Churchill a été créé une sublime salle de cinéma de 21 places aux confortables fauteuils bleus.

La Mamounia, Marrakech, Morocco. Photo by Alan Keohane www.still-images.net for La Mamounia.

Le Pavillon de la piscine a également été rénové pour accueillir les brunchs du dimanche, les petits déjeuners et déjeuners. J’ai adoré l’écrin façon boudoir réservé aux desserts de Pierre Hermé.

Enfin trois tentes se dressent dorénavant entre le restaurant italien et la piscine. Pour Patrick Jouin, c’est « architecturalement la chose la plus nouvelle dans la rénovation « . L’une d’entre elles abrite un escalier qui conduit à l’oenothèque. Là, il y a un lustre en cordes blanches et rouges (couleur du vin) réalisé avec des artisans marocains ». Dans l’oenothèque, une grande table invite à la dégustation. 2000 bouteilles d’exception servent de décor. La présence du bois apporte de la chaleur au lieu et ce lustre en cordes qui est une véritable oeuvre d’art enserre un puits de lumière, lumière qui tombe directement sur la table et joue avec les reflets du vin. Sublime ! Les deux autres tentes abritent des salons intimistes à l’abri des regards et de la chaleur offrant des trouées sur la végétation. Une belle réussite qui s’intègre parfaitement dans le paysage.

La Mamounia, Marrakech, Morocco. Photo by Alan Keohane www.still-images.net for La Mamounia.

La Mamounia, Marrakech, Morocco. Photo by Alan Keohane www.still-images.net for La Mamounia.

Une rénovation très réussie qui préserve le charme de la Mamounia tout en créant la possibilité d’une émotion, d’un souvenir. Une grande maîtrise de la lumière qui donne un nouvel éclairage à cet hôtel mythique qui avait besoin de se réinventer.